
La saison des heures de visite dure quelques minutes au téléphone. Se rappeler un numéro : une montagne. Trop haute pour prendre des nouvelles. En donner. J’aiguise mon silencieux en imaginant le soleil se lever.
Je me repose en pensant à la sainteté des loutres sur l’eau : je fais du pouce sous mes paupières, mon pays est l’absence et la promesse de lumière. Les ampoules s’éteignent comme des races d’oiseaux, à l’heure, quand les foules charrient chez elles les carcasses cassées des enfants devenus adultes, grains de sable, virgules. S’il vous plaît, privez-moi de gravité terrestre,
greffez-moi
les Îles-de-la-Madeleine à la place du foie,
mon corps me va comme un gant perdu sur la route
entre l’invisible et le bout de mes forces.
François Guerrette, La base et le sommet, Poètes de brousse, 2025, p. 44.